Rencontre avec Olivier Gilbon, fondateur de BioBiodynamieNature
Après le web et la publicité, c’est à l’univers du vin qu’Olivier Gilbon a décidé de se consacrer. Motivé par une passion pour les vins produits naturellement et des rencontres marquantes, il a lancé BBN, un site de vente en ligne mêlant vin et ouvrages littéraires. Une véritable invitation à la découverte.
Oenovino : Peux-tu nous présenter ton parcours professionnel ?
O.Gilbon : Ça se résume majoritairement à internet. Je suis entré dans le web en 1997. J’ai passé toute ma carrière dans ce domaine et créé une agence que j’ai revendue en 2015 avant de la quitter trois ans plus tard. J’étais arrivé au bout sur la publicité donc j’ai décidé de faire une pause puis de me lancer dans le vin.
Oenovino : Parle-nous de ton site BBN (BioBiodynamieNature)…
O.Gilbon : Ça fait longtemps que j’essaie de stocker mes découvertes dans un endroit. J’ai eu un blog quelques temps, puis un Tumblr avec toutes les photos des vins que j’ai bus. Mon concept pour BBN est de faire découvrir des vins faits naturellement – en bio, biodynamie ou nature donc – et des livres qui en parlent. Il y a énormément de livres sur le vin. Il y a des BD, des témoignages, des romans…et ça va même un peu plus loin que le vin parfois avec des thèmes comme la permaculture et le respect de l’environnement. L’idée de BBN, c’est donc de mélanger vins et livres sur internet et en physique. J’ai ouvert une boutique en ligne à la sortie du confinement et je suis actuellement à la recherche d’un lieu physique.
Oenovino : Pourquoi des vins faits naturellement ?
O.Gilbon : C’est avant tout par goût. Je me suis aperçu qu’à chaque fois qu’un vin sortait pour moi du lot pendant une dégustation, il était fait naturellement. Je m’y suis aussi intéressé par rapport à mes convictions sur l’écologie, le respect de l’environnement. C’est important d’avoir une certaine cohérence entre ses envies, les sujets qui nous touchent et ce que l’on consomme. Et j’ai rencontré Philippe Valette, un vigneron précurseur des vins nature, à une fête dans le Mâconnais. Il est très accessible, humble, dans le partage. Créatif également. Ce type de viticulteur n’hésite pas à prendre des risques pour créer des vins. Cette rencontre m’a marqué et j’ai eu envie de travailler dans cet univers.
Oenovino : Sur BBN, les vins sont répartis par goût et non uniquement par couleurs. Peux-tu nous en dire plus ?
O.Gilbon : Le vin c’est extraordinaire car tout le monde a des idées très arrêtées dessus. Souvent on aime ou non pour de mauvaises raisons et je voulais un peu casser ça. Par exemple, j’ai un ami qui aime beaucoup les vins du Rhône mais pas du tout ceux du Languedoc, ce qui est surprenant puisque ce sont des régions chaudes et ensoleillées avec des cépages proches. Je lui en ai donc fait découvrir quelques-uns. On a tendance à exclure des régions pour se simplifier la tâche. Les vins de Loire ne sont pas forcément légers et sur l’acidité. Moi qui n’ai pas apprécié le Cabernet Franc pendant longtemps à cause de son côté végétal, je l’ai redécouvert en appréciant sa fraîcheur. Donc sur mon site, les gens n’ont pas besoin de connaître le vin, ils choisissent simplement en fonction de leurs goûts et de leurs envies.
Oenovino : Et d’où te vient cette envie de travailler dans le vin ?
O.Gilbon : J’ai commencé à m’y intéresser il y a une dizaine d’années. Je me suis constitué une cave, j’ai commencé à faire des dégustations et des ateliers pour creuser un peu le sujet. Pendant 2 ans j’ai participé à des ateliers avec un mode de fonctionnement associatif toutes les semaines pour apprendre les bases.
Oenovino : Pourquoi as-tu suivi le WSET ?
O.Gilbon : Les ateliers avaient un côté très informel donc on ne réalise pas véritablement le niveau que l’on a et la question des vins faits naturellement n’était pas trop abordée. Et comme j’avais du temps après avoir quitté l’agence, j’avais envie de m’y consacrer plus sérieusement. Je me suis dit que c’était une bonne manière de se situer sur une échelle de connaissances.
Oenovino : Qu’est-ce que cette formation t’a apporté ?
O.Gilbon : J’ai aimé pouvoir apprendre seul à mon rythme dans un premier temps. J’ai beaucoup apprécié l’entrée par les cépages et leur diversité. C’est presque un jeu de piste d’un terroir à l’autre. Mais seul, on étudie de façon linéaire. Ce que j’ai aimé avec Jules (Lamon ndlr), pendant ces trois jours intensifs, c’est la grille de lecture qu’il nous a apporté. Grâce à sa façon de synthétiser, on apprenait à une vitesse folle, c’était génial. Ça apporte un éclairage et de l’efficacité. Les dégustations pour tout de suite mettre en pratique sont aussi très intéressantes. On sait juger de manière objective si un vin est bon ou non.
Oenovino : Parlons vin, as-tu une pépite favorite ?
O.Gilbon : Qui a bu, boira de Loïc Roure au Domaine du Possible. C’est un vin nature du Roussillon. Ça ne correspond pas du tout à l’image que l’on peut se faire des vins de cette région. C’est très frais. Il fait de la macération carbonique donc il y a un petit côté bonbon fruit. Mais en même temps c’est très droit.
Oenovino : Pourrais-tu nous citer un vin qui t’a marqué ? Un autre que tu aimerais déguster ?
O.Gilbon : Le Clos de Monsieur Noly, un Pouilly Fuissé de Philippe Valette. Il a pour habitude d’emmener ses chardonnays assez loin dans la maturité. Il les vendange quand ils sont gorgés de soleil et les élève sur lies pendant 12 ans. C’est une gifle, un délice, ma plus grande émotion dans le vin. Et j’aimerais goûter une fois dans ma vie La Romanée Conti. Ce n’est pas original mais cela fait longtemps qu’ils ont une méthode naturelle en réalisant un travail d’orfèvre.
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