Comme toute autre culture, la vigne est soumise à de nombreuses menaces. Aléas climatiques, animaux ravageurs ou encore maladies d’origines diverses, son environnement a un impact considérable sur le futur de la récolte. Mais quelles sont les principales menaces qui rôdent dans le vignoble ?
Les aléas climatiques
Allié de choix ou ennemi terrible, le climat reste toujours au centre des préoccupations des viticulteurs. Et trois intempéries sont à surveiller de près. Les gelées tout d’abord. Elles ont un impact différent selon la période de l’année, et donc le stade de développement de la vigne. Ainsi, si un froid particulièrement violent peut aller jusqu’à tuer la souche, les dégâts hivernaux sont, de manière générale, légers et peu étendus. Les rares gels d’automne, eux, peuvent stopper la maturation. Mais les plus connues et dangereuses sont les printanières. En effet, elles apparaissent lors de la montée de la sève, alors que la plante est extrêmement fragile. Une fois touchée, elle noircit et se flétrit.
Deuxième dérèglement néfaste, la grêle. Il suffit de quelques minutes pour anéantir une récolte et ses dégâts sont multiples. Elle détruit les inflorescences et les rescapées voient leur développement impacté, les feuilles lacérées ne suffisant pas à les nourrir. Quant aux baies, elles se flétrissent lorsqu’elles sont atteintes à un stade avancé. Elle peut aussi endommager les sarments et avoir un effet désastreux sur la végétation lors du millésime suivant.
La troisième cause climatique majeure de perte de récolte est la chaleur. Le soleil est recherché pour une maturation optimale mais peut également provoquer l’échaudage ou le grillage. Cela survient lorsque les fruits habitués à être protégés de la lumière se retrouvent subitement face à une exposition agressive. Ils se dessèchent alors et se détachent de la grappe.
Les maladies cryptogamiques
Cependant, la météorologie n’est pas la seule complication que peut connaître une vigne et les maladies dites cryptogamiques, soit causées par des champignons, sont redoutées de bien des vignerons. On en retiendra quatre essentielles :
Le mildiou qui contamine les organes jeunes et verts, voire les sarments dans des années particulièrement violentes. Déformation et dépérissement des pousses, ainsi que chute des feuilles et des jeunes grains font partie de ses terrifiants symptômes. On le repère à ses zones tachetées et son feutre blanc duveteux sur les feuilles.
L’oïdium, discret à ses débuts, il est souvent trop tard lorsqu’on le repère car il est alors très difficile à contrôler. Un feutrage grisâtre apparaît, suivi d’une déformation de la feuille ou d’un éclatement des grains de raisin selon la période de développement de la plante.
La pourriture grise, ou botrytis, que l’on aperçoit réellement qu’à partir de la véraison. Elle aime la pluie et sous son effet les pourrissent et adoptent un teint grisé caractéristique. Mais si elle jette son dévolu sur des baies blanches déjà mûres, elle devient la pourriture noble et joue un rôle primordial dans la production de liquoreux.
Le black rot, arrivé à la fin du XIXe siècle avec les cépages américains. Sous son action les fruits rougissent, noircissent et se dessèchent.
Les ravageurs
En parallèle des intempéries et de l’apparition de champignons, il existe toute une faune qui peut aider la vigne à évoluer ou, au contraire, endiguer sa progression. C’est notamment le cas des araignées rouges et jaunes. Ici, chacun a son rôle. Les larves se nourrissent de la sève et les adultes piquent les feuilles, provoquant une perte foliaire et une mauvaise maturité. La famille des acariens, toujours, peut provoquer deux maladies : l’érinose et l’acariose. Si la première ne cause pas de dégâts importants, c’est loin d’être le cas de la seconde. Elle déclenche la coulure et ébranle l’aoutement.
À cela s’ajoutent de nombreux vers, chenilles et larves tels que la pyrale qui se repait des feuilles et jeunes baies, les redoutables cochenilles qui sucent la sève, ou encore les vers gris dont la cible de prédilection est le bourgeon pendant le débourrement. Sans oublier les féroces tordeuses de la grappe. Deux générations attaquent la vigne sur une même année. La première, au printemps, agresse les inflorescences tandis que la seconde, en été, altère les grains. Selon l’espèce, il peut y avoir une troisième génération qui s’en prend aux baies en fin de maturation, mais l’impact est moindre. Enfin, difficile de ne pas évoquer le phylloxera, ce puceron qui ravagea le vignoble à la fin du XIXe siècle. Extrêmement contagieux, il dessèche les pieds de vigne. Des réponses ont été trouvées grâce aux greffes mais la vigilance reste encore de mise, comme l’a démontré la dernière crise phylloxérique survenue en Californie dans les années 90.
Il ne faut jamais oublier que le monde et le vignoble sont en constante évolution, et cela implique également l’apparition de nouvelles menaces, notamment en provenance d’autres pays. La drosophila suzukii, venue d’Asie, est arrivée en Vallée du Rhône avant de s’étendre rapidement à une grande partie de la France. Elle pond à l’intérieur des baies et provoque la pourriture acide. L’antispila oinophylla, lui, a traversé les Alpes pour aller du nord de l’Italie à la Provence. Il détruit les feuilles en creusant des galeries dans le tissu cellulaire. En Nappa Valley, on a découvert il y a quelques années le red blotch. Il fait rougir les feuilles et réduit la teneur en sucres. Quant à l’epiphyas postvittana, un cousin australien de la pyrale qui dévore les fruits, s’il est encore anecdotique en Europe, il a cependant causé de nombreux dégâts en Amérique du nord. Le métier de viticulteur, déjà loin d’être reposant, risque donc encore de gagner en complexité.
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